Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Amarchords - Music Love Supreme
Amarchords - Music Love Supreme
Archives
Derniers commentaires
16 novembre 2008

SAGA 31e : QUARANTE ANNEES DE RENCONTRES...TOURNEE SUISSE II

SAGA : QUARANTE ANNEES DE RENCONTRES...31e épisode première tournée suisse II

J'ai passé une très bonne nuit dans un modeste hôtel genevois (respectant ainsi les consignes toutes "helvétiques" de mon patron suisse: "essayez de trouver des hôtels confortables mais sans luxe inutile"...

C'est d'autant plus facile dans ce pays où la propreté et l'efficacité, ainsi que l' amabilité sont des règles essentielles...

Au petit matin me voilà en route en direction du VALAIS, un canton Suisse célèbre pour son vin et aussi pour ses nombreuses harmonies et sociétés musicales...Je longe la "Riviéra Suisse", le long du Léman, passant ainsi par Montreux (haut-lieu du jazz s'il en est) et également ville où est établi l'importateur SELMER (CORE S.A.), un importateur non-exclusif à l' époque puisqu'il figure sur nos listes de distributeurs...Je comptais lui rendre visite mais justement le patron M. Corafas est absent, et, du coup, je file directement sur la petite ville de BEX, où je dois rencontrer un de nos clients, M. VESIN.

Arrivé dans l' après midi dans cette petite ville, je trouve facilement la boutique en question, et, ô surprise, c'est un magnifique magasin, assez grand pour une ville aussi modeste, mais surtout offrant en vitrine tout ce dont peut rêver un orchestre d'harmonie...Des instruments de marques très prestigieuses brillent de tous leurs feux dans une vitrine rangée avec goût, jugez-en : trombones KING et COURTOIS haut-de gamme, saxophones SELMER et BUFFET, trompettes CONN, GETZEN et BACH, hautbois RIGOUTAT ou MARIGAUX, bassons des grandes marques allemandes ( PÜCHNER, SCHREIBER...), flûtes "MURAMATSU" et "SANKYO" et bien entendu, clarinettes BUFFET CRAMPON et LEBLANC.

Le patron m'accueille chaleureusement par un "bonjour cher compatriote"...C'est un Français d'origine, ainsi que son épouse qui l'épaule dans le boulot...Elle est originaire de RENNES, où elle a étudié le violon... Ils ont dû émigrer dans les années 50 ou 60...Peut-être était-elle issue d'une famille juive car elle me parle d'un trafic de violons au détriment de musiciens "juifs bretons" pendant la guerre...En fait des commerçants de la région auraient fait fortune en revendant apès guerre des instruments achetés à vil prix dans les années tragiques à des artistes juifs en fuite...

En tous cas ils semblent touchés de recevoir enfin la visite d'un cadre de la société, n'ayant pratiquement travaillé que par correspondance avec nous, et il s'empresse de téléphoner à un hôtel de ses relations pour me loger, et de m'inviter à dîner...
Il me fait visiter les lieux, atelier de réparation compris, et je note pour la première fois dans un magasin la présence d'un appareil de contrôle de la justesse des instruments, le fameux "STROBOCONN" que je n'ai vu que chez BUFFET ( jusqu'en 1990 environ je n'en verrai jamais d'autre chez SELMER, LEBLANC ou COURTOIS par exemple, mais, par contre, lors e la création de mon magasin en 1985, je serai le PREMIER magasin en france à s'équper de la toute dernière version de cet appareil, dans la marque NODE, qui par la suite équipera également BUFFET, SELMER, probablemnt Leblanc et quelques grands magasins confrères...Mais j'aurais été le tout premier  à équiper un magasin de détail d'un tel engin-coût à l' époque : plus de DOUZE MILLE francs hors taxes...Quand je pense qu' un bon accordeur électronique vaut TRENTE euros aujourd'hui !!!)

M. Vesin me prie de l'excuser car il attend un visiteur d'un village du haut-valais, qui vient acquérir pour son fils de douze ou treize ans un trombone..Je vais assister à la vente, qui se fait très facilement, le jeune hésitant entre deux trombones haut-de-gamme repartira avec un super "KING", complet, un engin que je n'ai jamais vu disponible dans un magasin français même plusieurs années après... Là-bas, c'est chose courante...Par la suite également je verrai des tubas de marques prestigieuses (dont BESSON notamment), couramment vendus dans des villes modestes, alors qu'en France seuls deux ou trois boutiques "prestigieuses" assurent l'approvisionnement des musiciens dans ce type d'instrument...Pas étonnant que des dizaines de nos compatriotes aient effectués leurs achats dans des pays voisins, jusqu'à ce que des personnalités innovatrices comme VINCENT-GENOD ou encore JEANNOUTOT à Paris ne prennent l' initiative de stocker ces produits, amorçant ainsi un nouveau style de distribution dans les instruments à vent...Mais j'en reparlerai plus tard...)

Je passe donc une agéable après-midi et soirée avec ce couple, et je repars avec une commande substantielle de "ma" fameuse clarinette "RC" et de nos "E13" ( à l' époque "Evette et Shaeffer" ) d'étude, plus quelques saxophones... De plus, je reçois un avis autorisé de madame Vesin sur la qualité de notre lutherie "PAESOLD" et notamment des archets...

Le lendemain je dois poursuivre et me rendre au TESSIN (partie Italienne de la Suisse) où m'attend un personnage truculent à Lugano

Pour parvenir au TESSIN, deux solutions, soit franchir des cols parfois déjà impraticables en cette saison, ou alors utiliser le train qui franchit le tunnel du Simplon (je crois)...On monte carrément avec la voiture sur un wagon et on reste à l' intérieur pendant la traversée qui dure moins d'une heure si j'ai bonne mémoire...Assez impressionant mais je vais l'expérimenter une ou deux fois...par la suite je choisirai un saison plus agréable et je franchirai les cols en voiture , notamment le "ST GOTTARD", lorsque j'effectuerai des tournées plus longues (en principe de deux semaines), m'étant vu confier toute la Suisse et notamment la "Suisse-Allemande" avec les villes les plus importantes que sont notamment BERNE et LUZERN, ainsi que ZÜRICH et BÂLE...

Pour l'instant je débarque du train en zone Italienne et je dois repasser une frontière our pénétrer dan la partie suisse proprement dite...sans encombre cette fois...

Avant de me rendre à Lugano, je fais halte à ASCONA où je dois présenter au professseur de saxophone, un ami de Daniel Deffayet, nos saxophones altos et ténor...Ce musicien dont j'oublie momentanément le nom est lui aussi un français établi là-bas, et il est membre d'un quatuor réputé avec le fameux IWAN ROTH (professeur à  Bâle), qui vient d'opter pour notre saxophone alto, SELMER produisant à l' époque le très controversé "MARK 7", au clétage peu ergonomique, s'aliénant ainsi la clientèle des jeunes élèves et également de nombreux adultes aux petites mains !
Notre saxophone, au contraire, est équipé d'un excellent clétage et de subtilités techniques faisant d'ailleurs l'objet d'une demi-douzaines de brevets, qui en fait un instrument de rêve sur le plan facilité de jeu et d'émission...Hélas, je le subirai tout le reste de ma carrière, la sonorité trop "pure" trop "classique", ainsi que quelques problèmes de justesse qui ne seront résolus que bien des années après, seront un frein au développement de cet instrument, qui finalement sera presque totalement abandonné avant la fin du siècle !!!
Je suis donc reçu fort chaleureusement par ce professeur, qui essaye les instruments et qui va me faire découvrir une faiblesse technique affectant la "palette articulée" qui commande le Sib grave...Il ne les adoptera pas , mais grâce à ses remarques, une amélioration leur sera apportée.

Le soir même je découvre Lugano la belle Italienne...Le Tessin, c'est l' Italie, mais sans la folie et la joyeuse pagaille qui caractérise le pays de mes ancêtres...L'architecture est très marquée par le pays voisin, on y parle et on y écrit en Italien, les rues, d'une propreté exemplaire, s'appelent "Via Venezia" ou "Via del Lago"...et d' ailleurs, le lac est superbe...Tous comme les bateaux qui sont amarrés au port...des "RIVA" ou similaires, en acajou de toute beauté...
On s'y verrai bien en vacances, et pourtant c'est une ville très active, surtout par ses places financières...A l'époque la Suisse est la banque du monde et de l' Europe en particulier...Le fameux "secret bancaire" totalement impénétrable attire les fortunes licites et illicites...De plus, une frontière est vite franchie depuis l' Allemagne ou l' Italie notamment, deux pays qui pendant la guerre ont vu transiter toutes sortes de
fortunes...
Aujourd'hui, on parle beaucoup des paradis fiscaux aux îles Caïman ou autres, mais oublie-t-on ceux tout helvétiques de "CHUR" par exemple (j'en reparlerai plus tard quand je découvrirai comment une société internationale peut générer des bénéfices dans une zone "protégée" -des taxes entendez-bien, au détriment d'une autre filiale sise dans un pays , comme la France, soumis à une taxation lourde...)
Pour l'instant je jouis du paysage et du climat presque encore printanier, très différent de celui connu la veille, de l'autre côté des Alpes !

Le lendemain, visite au marchand de musique avec qui j'avais prévu on rendez-vous...C'est un Italien jovial, (naturalisé suisse !), un personnage assez truculent connu dans le métier comme un peu "fantaisiste" au niveau de la gestion de son affaire et surtout des règlement, mais honnête au fond, simplment un peu "bohème"...Il me fera renconter le professeur de clarinette, Armando BASILE, un grand admirateur de Jacques Lancelot, tout acquis à "notre cause " et qui va se répandre en compliments sur notre nouvelle clarinette...En aparté (et en italien), il me dira que le marchand (PS : j'ai aussi oublié son nom), est un brave garçon, mais qu'il fait des pieds et des mains pour faire connaître les clarinettes LEBLANC dans le coin...En effet, le grand KARL BURRI, de Berne, a créé une société "Leblanc-Suisse", et lui consent des conditions avantageuses de marge, mais aussi de règlement -ce qui,dans son cas, est un argument majeur...Toutefois, comme le dit cet éminent musicien  :" ma lui, non è cattivo, è un buon ragazzo..." (mais au fond, lui, il n'est pas mauvais, c'est un brave garçon...) - Je garderai un bon souvenir de ce premier contact que j'aurai l'occasion de renouveler par la suite...
Ma mission est donc quasiment accomplie...
Je dois revenir en passant par le Jura où j'envisage de visiter un ou deux commerçants qui figurent sur nos listes...
Je le ferai très rapidement -en fait ces petites villes jurassiennes (NEUCHATEL, LA CHAUX DE FONDS etc...) sont essentiellement des villes d'activité horlogère et mécanique de précision...Trop cartésiennes et pragmatiques pour s'adonner à la musique à laquelle on y préfèrent les sports de montagne ou la chasse...

Retour donc en France au plus vite !

Publicité
Commentaires
Amarchords - Music Love Supreme
Publicité
Publicité