ADIEU, JACQUES LANCELOT...

JACQUES LANCELOT VIENT DE NOUS QUITTER...MUSICIEN MAJEUR DU VINGTIEME SIECLE, ON POURRAIT MÊME LUI DECERNER LE TITRE DE "CLARINETTISTE DU SIECLE", TANT SON STYLE, SON RENOM, SON APPORT AU REPERTOIRE DE CET INSTRUMENT ET A SES AMELIORATIONS TECHNIQUES COMPTENT DESORMAIS DANS LE MONDE ENTIER...

Lundi 17 Février 2009

Nous sommes quelques dizaines de fidèles à nous retrouver, émus, sur les marches de l' église Saint-Roch, autour de Gisèle, Annie et Eric Lancelot et leurs proches...

Fidèles entre les fidèles, ses compagnons musiciens, Guy Deplus , Claude Desurmont, Robert Fontaine , Jean-Marc Volta,  Pierre et Henri-René Pollin, les amis de toujours et membres de l' industrie musicale comme madame Deffayet (veuve du cèlèbre saxophoniste Daniel Deffayet), madame Vandoren accompagnée de MM. Tonnelier et Jean-Marie Paul, madame Danièle Glotin, MM. Paul Baronnat(ex-PDG de Buffet Crampon), Stéphane Hascoet, René Lesieux et Eric Baret (conseillers techniques, conception des instruments Buffet Crampon), puis les anciens élèves dont Kasuko et Koichi Hamanaka venus spécialement de Tokyo pour représenter les milliers d'adeptes japonais formés à l' école du grand maître, Pierre-Yves Lebon, Jacques Picard , Jacques Lebidois, Bernard Groult, René Giraud, Emile Genvrin, Emile Bertin, Jean-Paul Odiau, Sébastien Billard- , enfin de jeunes et prestigieux solistes comme Florent Héau ou encore Patrick Messina -j' en oublie certainement- et les virtuoses Philippe Cuper (clarinette solo de l' Opéra) , Michel Arrignon ( professeur du Conservatoire National Supérieur de Paris), Jean-Noël Crocq (également du CNSM et Opéra)-, Pierre Ragu...Ces derniers, appuyés par de "jeunes talents" comme Olivier Patey  -que ceux que j'ai omis me pardonnent...- ont interprété tout au long de la cérémonie religieuse des oeuvres de Mozart-

Manquaient à l 'appel ses amis de jadis qui l' attendaient pour reformer les ensembles qui firent le bonheur des mélomanes de toute la deuxième moitié du vingtième siècle et désormais de ceux à venir : Pierre Pierlot, Paul Hongne, Alain Marion, André Boutard...J'en oublie...

"Fils spirituel de Jacques Lancelot" comme il se désigne, Jacques Lepicard a fait un admirable éloge du maître, du musicien, de l' artiste, de l'homme enfin...
Emouvant et sincère, son discours nous a profondément touchés et émus, et j'espère obtenir de lui l'autorisation de publier in-extenso ce texte...

Absents remarqués -peut-être excusés ? - aucun membre de la société Selmer ou un de leurs représentants ne sont venus...
J'en ai été surpris car d'une part jamais le grand Jacques Lancelot n'a dénigré les produits du concurrent principal de la société à laquelle il avait accepté de vouer sa connaissance et son talent pendant près d'une cinquantaine d'années, et d'autre part je savais en quelle estime les anciens dirigeants de la société, notamment messieurs Jean et Georges Selmer tenaient le grand artiste...
De même, j' eusses aimé y voir ne serait-ce qu'un clarinettiste "attaché" à cette société...

Il est vrai que la date imposée par ces tristes circonstances était au début de vacances qui vident partiellement Paris de ses résidents; sans doute nombre d' absents se seront excusés...

D' autre part j'ai pu voir que certaines gerbes fleuries portaient la dédicace d' éditeurs auxquels Jacques Lancelot avait également confié ses oeuvres pédagogiques - Là encore, l' absence d'un dirigeant ou d'un représentant de l'un des plus célèbres éditeurs mondiaux, sis dans la rue même de l' église où nous étions,, m'aura surpris...

Après l' hommage rendu, nous nous sommes retrouvés en comité plus restreint au cimetière de Montparnasse où la dépouille du cher homme a été inhumée.

Le temps avait passé très vite...Le cimetière ferme ses portes à 17.30 H... Les défunts ont bien tout leur temps, mais pas les employés municipaux...

La famille du grand artiste nous avait gentiment conviés à boire le verre de l' amitié à la brasserie voisine, où nous avons passé encore un moment à nous remémorer quelques instants passés avec lui...

Puis ce fut le temps de laisser la famille à son intimité...

Qu'importe, cher maître, nous aurons tout loisir de revenir autour de votre tombeau pour nous y recueillir et pourquoi pas, y faire quelques notes de musique en votre honneur, vous qui nous avez si souvent enchantés par vos volutes musicales...

D'ailleurs, c'est en votre compagnie que j'ai parcouru les six cents kilomètres qui me séparent de ma villégiature arcachonnaise...
J'avais emporté votre rare coffret -dédicacé par vous-même-de toutes vos oeuvres éditées jadis chez ERATO, que vos élèves japonais (notamment Kasuko et Koichi Hamanaka),  ont contribué à faire graver en compact-disc, avec le fac-similé des pochettes d'époque...Ces coffrets très rares doivent pouvoir encore être importés depuis le Japon (demander à Buffet Crampon à Mantes qui en assuraient la distribution ces dernières années) - Ce fut un magnifique voyage bercé par Mozart, Brahms, Schumann, Weber, Ravel, Rossini, etc...

Soyez serein, vous vivrez toujours parmi nous...

"Sans la musique, la vie serait une erreur..." (Nietzche)

Adieu? Non, au-revoir et à vous entendre et réentendre aussi souvent que possible, cher Jacques...

Richard Scotto

PS : Google fournit une abondante documentation sur la discographie du grand artiste.